mardi 29 novembre 2011

On en parle...



La réédition de Drôles de bêtes par MeMo est à l'honneur dans Le Monde :




Et dans les actualités de MeMo : en ligne ici 


Une belle critique sur le blog des Sandales d'Empédocle, la célèbre librairie jeunesse de Besançon : 

Il est des albums magiques. Lorsque je l’ai vu dans la librairie, mon regard a d’abord été attiré par la typographie de son titre puis les illustrations : oh on dirait, non… ? Benjamin Rabier ? Et non ! Perdu, alors j’ai pris en main ce très grand album et j’ai découvert son véritable créateur : André Hellé. Et ce fut une véritable découverte.

Il nous livre ici sa version de l’arche de Noé et nous embarque progressivement dans les histoires, les descriptions de quelques animaux qui parfois familiers, n’en deviennent pas moins fabuleux. De cette arche sont sortis un tigre, une girafe, un marabout, un lion, un crocodile, mais aussi une oie, un dindon… vingt animaux qui sont croqués avec intelligence et malice. Pour chacun d’entre eux, on découvre des descriptions physiques précises, des anecdotes amusantes et parfois une fin fatale pour l’animal. Mais toujours une vraie histoire, révélatrice de l’esprit de l’auteur mais aussi de son époque.

La typographie donne le sentiment que l’album tout entier a été écrit à la main, ce qui accentue encore l’impression de proximité et de bien être. Le texte est émaillé d’illustrations en noir et blanc et la couleur ne vient qu’avec chaque changement d’animal, lorsqu’au moment de la présentation une superbe illustration en couleur, qu’on peut soulever délicatement (collée à la main, s’il vous plait) apporte un moment de lumière, un peu comme si dans un film en noir et blanc la couleur faisait une incursion. Des illustrations simples, dépouillées, brutes, enfantines, surprenantes pour notre regard du début du XXIème siècle, mais très agréables et ludiques. Certains de ses contemporains célèbres Apollinaire et Carco voyaient en lui un « précurseur du cubisme ».

Donc d’abord un format et un livre magnifique et en lisant ceci au départ du livre, on en sera encore moins étonné : « Cette édition 2011, a été imprimée pour les pages intérieures en Belgique et en France pour la couverture en dix tons directs sur un papier italien. Le façonnage a été réalisé en Allemagne et le collage manuel des vignettes en Belgique. ».Et en plus il sent bon : oui il sent le livre, le vrai celui d'avant, un vrai plaisir.

Car ce livre est à la fois une œuvre de divertissement mais aussi celle d’une transmission de mémoire. En choisissant de rééditer cette version centenaire (première publication en 1911) les éditions MeMo nous font un superbe cadeau : à vous de le découvrir. Bien évidemment cette qualité a un prix, mais nul doute que le vieux Barbu en costume rouge qui va bientôt faire un petit tour dans nos contrées ensoleillées devrait obligatoirement en avoir un exemplaire pour tous les amoureux des beaux livres. Un album absolument merveilleux, foncez !

Jean-Luc


lundi 28 novembre 2011

L'Angle du joujou



Philippe Dumas a consacré un beau texte illustré à Hellé dans le numéro spécial du magazine Griffon

Cet article et les dessins originaux sont ici reproduits avec l'aimable autorisation de l'auteur et de Griffon.




L’ANGLE DU JOUJOU

Dès demain matin, je compte m’atteler à une œuvre maîtresse : un Dictionnaire des inconnus.

Dans cet ouvrage capital, seront réunis par mes soins les quidams que vous et moi considérons comme de grands hommes, mais qu’ignorent scandaleusement les dictionnaires.

S’y ajouteront les gloires d’aujourd’hui qu’on sait promises à l’oubli de demain, et les célébrités d’hier à découvrir d’urgence.


La rubrique des méconnus se trouvera très naturellement garnie par la corporation des auteurs et illustrateurs pour la jeunesse, bonnes gens qui devraient s’y bousculer.

En tête de ces laissés-pour-compte, qui ont marqué et sans doute éveillé à l’art des générations d’enfants, viendront, bien sûr, Samivel, Beuville, Maclès, Brissaud, Chauveau et celui qui est, selon moi, l’un des plus intéressants de tous : André Hellé.


Si malheureusement Hellé mérite les honneurs de mon annuaire, ce n’est pas faute pour lui d’avoir été encensé par une poignée d’amateurs efficaces, auxquels s’est jointe une association dont les membres ont su voir, sous l’approche enfantine de cet artiste, des audaces et un modernisme prémonitoires.

André Hellé pourrait bien être en outre le premier auteur-illustrateur à avoir si largement et constamment franchi les frontières de sa spécialité. Il exerçait tous les métiers dans sa solitude d’artisan en chambre. Conception du livre (comme on dit de nos jours), sujet, texte, illustrations, calligraphie, mise en page, format, couverture, quatrième de couverture, il pourvoyait à tout et présentait à l’imprimeur ce qu’on nommera très vilainement un produit fini.

Il semblerait même qu’il ait à l’occasion endossé le costume d’éditeur, ou coiffé la casquette du bailleur de fonds.


Tout ceci relève d’un activisme rare chez les gens d’esprit et prouve en tout cas une passion qui tient du feu sacré.

De ses débuts jusqu’à sa mort, Hellé a voulu voir l’existence et le monde sous un seul et simple angle : celui du joujou.
Joujoux cassés, vanités évoquant l’à-quoi-bon de nos actes et la précarité de nos vies, ou joujoux en bon état, flambant neufs, prêts pour un rôle actif dans la comédie humaine : joujoux en bois, en tout cas, objets robustes et de construction simple.

Un tigre dessiné par Hellé est un tigre de bois, de même que Noé à bord de son arche, héros biblique également de bois peint. La terrible guerre de Quatorze elle-même devient une empoignade au rayon jouets : les poilus, des quilles bleu horizon ; le maréchal Joffre, un santon de Provence.

Dans cette raideur candide, ne retrouvons-nous pas le sérieux du jeune âge observé par Montaigne ? « Il faut noter que les jeux d’enfants ne sont pas des jeux et il faut en juger d’eux comme de leurs plus sérieuses action. »

L’angle du joujou, choisi par Hellé, est plus que pertinent. Nos désirs, nos peines, nos occupations sont autant d’amusettes auxquelles s’applique le diagnostic brutal de l’expert Macbeth :

There’s nothing serious in mortality. All is but toys.


Sous les yeux, j’ai une photographie d’André Hellé. Jamais créateur n’a tant ressemblé à ses créatures : une tête ronde de Pinocchio (moins le nez) sorti tout droit d’un coffre à jouets. J’admire en lui, la finesse alliée à la force. Comment ce lutin lunaire est-il parvenu à imposer à Debussy sa devise pour titre de leur œuvre commune : La boîte à joujoux ? Cet exploit lui vaut la place d’honneur dans ce fameux dictionnaire auquel je vais peut-être m’attaquer dès ce soir.


Par un curieux hasard, je tombe à l’instant sur ces vers du poète irlandais Yeats. Ce que j’en comprends me semble du plus pur André Hellé :

The woods of Arcady are dead
And over is their antique joy
Of the world of dreaming fed
Gray truth is now her painted toy.

Texte et illustrations © Philippe Dumas / Griffon - 2011

mercredi 2 novembre 2011

Hellé à Montreuil !


Rencontre autour de la réédition par les éditions MeMo de Drôles de bêtes d’Hellé 







Lundi 5 décembre 2011, de 10h 30 à 11h 30

À l’occasion de la réédition par les éditions MeMo du livre d’André Hellé Drôles de bêtes, pour le centième anniversaire de sa parution en 1911, l’Association des Amis d’André Hellé, Les éditions MeMo, le CRILJ et la revue Griffon (dont le numéro 229, novembre-décembre 2011 est consacré à cet évènement), présenteront le livre, reproduit à l’identique et le replaceront dans l’œuvre de cet auteur-illustrateur de grand talent.

Avec la participation d'André Delobel, président du CRILJ,  Jacques Pellissard, directeur de Griffon, Christine Morault, responsable de MeMo, et des animateurs de l'Association des Amis d'Hellé.

Le numéro spécial de Griffon (19 pages sur Hellé !) est disponible auprès de l'association.



Réunion du 22 octobre au Salon du livre et papiers anciens



Dessin de Philippe Dumas pour le magazine Griffon d'octobre 2011


Cette réunion était essentiellement consacrée à deux événements :

- Un numéro spécial du magazine Griffon, avec pas moins de 19 pages consacrées à Hellé. Outre les études de Corinne Gibello-Bernette, Jean-Hugues Malineau, Béatrice Michielsen et Jacques Desse, on y trouve les émouvants témoignages de quatre illustrateurs jeunesse contemporains, et non des moindres : Jean-Charles Rousseau, Jean Claverie, Philippe Dumas et Georges Lemoine…! En prime, une bibliographie intégrale des livres illustrés par Hellé…

- La très attendue réédition à l’identique, par les éditions MeMo, du chef d’œuvre de Hellé, qui était quasiment invisible depuis sa publication en 1911. Nous avons pu le découvrir en avant-première (une merveille !), et Christine Morault a fait une intervention passionnante sur l’aventure qu’a représentée cette réédition, y compris dans ses aspects les plus techniques comme le travail des photograveurs et le choix d’imprimer à part les illustrations, et de faire coller manuellement ces 70 000 images ! L’ouvrage est édité à 3500 exemplaires, vendu à un prix inférieur à son coût de revient grâce à une aide importante du Centre National du Livre. Vu sa qualité, il sera sans doute rapidement épuisé, et il y a fort peu de chances pour qu’il puisse être réimprimé un jour…


Photo Catherine Thouvenin

M. Michel Lagarde nous a annoncé son intention de rééditer, pour sa part, Films pour les tout-petits, joli projet que l’association soutiendra avec joie. Un point sur l’exposition du Musée du jouet de Poissy, qui se précise (pour fin 2012) et va être une vraie révélation : de nombreux jouets d'Hellé jamais vus jusqu’ici ont été découverts, en particulier dans des réserves de musées.

L’assistance était équitablement composée de collectionneurs, de libraires et de membres d’institutions importantes (BnF et Centre national de la littérature jeunesse – La Joie par les livres, Musée des Arts décoratifs, Médiathèque d’Orly, Bibliothèque de l’Heure joyeuse…). Nous avons été honorés de la présence pétillante de Mme Monica Burckhardt, ancienne responsable du département des jouets au Musée des Arts décoratifs et l’une des meilleures connaisseuses de ce domaine en France, qui a été parmi les tous premiers à faire redécouvrir l’œuvre d’Hellé.

Nous n’étions cependant qu’une vingtaine de personnes. Beaucoup s’étaient excusés, retenus par des obligations professionnelles ou familiales ; d’autres ont dû oublier… En l’absence d’une mobilisation plus importante, il nous sera fort difficile de mener à bien les deux principaux projets de l’association : l’organisation d’une grande exposition et la publication d’une vraie monographie sur Hellé. 

Il a été décidé de constituer un comité de sélection pour choisir les œuvres les plus significatives parmi l’immense corpus dont nous disposons désormais, afin de préparer une grande exposition rétrospective. Ses réunions seront ouvertes à tous les adhérents intéressés (renseignements : amis d'hellé).

Les présents ont été gâtés : outre la découverte de Drôles de bêtes et la présentation de nombreux documents inédits, ils sont repartis avec le numéro spécial de Griffon et une magnifique affiche en grand format, tirée en tons directs sur beau papier, à quelques dizaines d’exemplaires, par les éditions MeMo…

mardi 1 novembre 2011

Dessins de presse


Deux dessins d'Hellé première manière figuraient dans une vente aux enchères d'illustrations pour la presse, qui s'est tenue -fort discrètement- à Vittel le 22 octobre.


Hellé tempéré



Hellé et les mouvements de tempérance

Au début du XXe siècle, les mouvements de tempérance se fédèrent en ligue anti-alcoolique. Reconnaissant la vertu pédagogique de l'image, des artistes en vue sont sollicités pour lutter contre les boissons enivrantes par le biais d' enveloppes, de cartes postales, de tracts, d' affiches etc. André Hellé s'empare également du sujet mais contrairement aux visions mélodramatiques de ses collègues, utilise l'humour et ses habituels personnages-jouets pour dénoncer les dangers de l'ivresse.

BM

Document publié dans " L'Absinthe-Ses dessinateurs de presse" de Marie-Claude Delahaye. Musée de l'Absinthe-édition (Enveloppe N°11 Contre l'alcool).
© Musée de l'Absinthe


© Collection Marie-Christine d'Hérouville